Qu’est-ce que l’acier, au fait ?
Wikipedia nous dit :
L’acier est un alliage à base de fer qui contient une teneur en carbone comprise environ entre 0,02 % et 2 % en masse, et qui peut contenir d’autres éléments chimiques volontairement ajoutés (éléments d’addition, éléments d’accompagnement) ou non (impuretés).
Les éléments qu’on ajoute au fer modifient ses caractéristiques physico-chimiques.
- le carbone est toujours présent mais en quantité variable, ce qui influence la dureté maximale de l’alliage ou sa capacité à être émaillé, par exemple. Lorsqu’on dépasse 2,1% de carbone, on parle de fonte.
- le chrome est ajouté pour produire de l’acier inoxydable (ou inox).
- d’autres éléments (cobalt, manganèse, nickel, etc.) sont ajoutés pour modifier la trempabilité et l’efficacité des traitements thermiques, notamment.
Quel acier pour quel usage ?
Il existe une grande variété d’aciers, du plus classique au plus industriel de pointe, en passant par l’acier de bas-fourneau artisanal, encore produit par quelques virtuoses.
Je n’évoquerai pour ma part que les références de tôles d’acier, pour le stock removal (le fait d’enlever de la matière à une pièce déjà formée). Je n’ai ni le savoir-faire ni le matériel du forgeron.
Voici quelques suggestions pour démarrer, et même produire des objets de qualité. On peut créer un bel outil à partir d’un acier modeste, il y a bien d’autres paramètres.
Pour les lames
- un acier assez riche en carbone, adapté aux lames dures et très coupantes : le XC75 (1075) si on a un petit budget, ou le XC100 (1095) encore plus dur et produit en Europe.
- un inox courant et peu cher comme le Z40 (X46Cr13)
- un inox plus qualitatif comme le 14C28N, fabriqué en Suède par Alleima (anciennement Sandvik)
Pour les ressorts de couteaux pliants
Prenez par exemple du Z20 (X20Cr13) qui reste plus souple que le Z40 après la trempe.
Pour les platines de couteaux pliants
Le X6Cr17 (1.4016 ou 430) est un bon choix. Il s’agit d’un inox ferritique, donc non trempant. Notez que ce n’est pas un problème sauf pour les pliants “liner-lock” qui nécessitent des platines renforcées.
Notez bien
- cette liste n’est absolument pas exhaustive !
- si vous n’avez pas de four de trempe, oubliez l’acier inoxydable. Il faut le chauffer autour de 1050 °C pendant 5 à 10 minutes, à l’abri de l’oxygène, c’est trop contraignant pour “bricoler”.
- l’acier carbone change d’aspect avec le temps, c’est normal. Il faut toujours laver et sécher ces lames à la main et sans tarder. Et on évite de les laisser plantées dans un citron ou dans une pomme !
Quelle provenance ?
Quand vous achetez de l’acier, je vous invite à vous demander où il est produit, dans quelles conditions, quelle distance il va parcourir de l’usine à l’atelier. Vu les différences de prix, il est souvent possible de trouver de l’acier européen, qui présente malgré tout quelques garanties.
Où trouver l’acier ?
Lorsqu’on veut fabriquer son premier couteau, et qu’on cherche des informations à ce sujet sur le web, on trouve toutes sortes de conseils plus ou moins utiles. Ils varient notamment en fonction de “qui parle” : le·a professionel·le, le·a survivaliste, celui ou celle qui a les moyens de se procurer des machines spécialisées ou au contraire, le·a bricoleur·euse avec des bouts de ficelle.
Concernant l’acier à utiliser, par exemple, il y a plusieurs écoles :
- les spécialistes de la récup’ qui utilisent une vieille lime pour en faire un canif ;
- les “forgeron·nes de l’extrême”, qui partent d’une pièce de voiture rouillée ;
- les “raisonnables”, qui généralement utilisent une barre d’acier qui dispose d’une vraie traçabilité (pour les forgerons) ou d’une tôle d’origine tout autant connue (pour le stock removal).
Tout dépend de l’expérience qu’on recherche. Si c’est le plaisir de transformer avec les moyens du bord un objet en un autre, toutes les approches sont valables. Il ne faut, par contre, pas être à cheval sur la qualité du résultat, et disposer d’une certaine résistance à la frustration.
Si au contraire, on espère obtenir un couteau de qualité, je conseillerais de mettre toutes les chances de son côté.
Pourquoi est-ce plus fiable d’utiliser un acier d’origine connue ?
Les couteaux sont très majoritairement constitués de plusieurs pièces. Il peut s’agir de pièces de structure, d’aspect (esthétiques), ou d’intérêt mécanique. Dans cette dernière catégorie, on trouve la lame : pour qu’elle soit efficace et durable, celle-ci doit répondre à différents critères.
Elle doit notamment être plutôt dure et tenace, plus ou moins en fonction de sa fonction, car il faut éviter qu’elle s’abîme, se fende ou se désaffûte trop vite si elle rencontre un autre matériau dur (une fourchette, du bois dur, un caillou), C’est pour cela qu’on utilise de l’acier trempant : en lui appliquant un traitement thermique adapté (austénitisation, trempe, revenu), on peut changer sa structure cristalline et renforcer nettement son efficacité.
Plusieurs problèmes peuvent se poser lorsqu’on veut tremper un acier de qualité incertaine, de récupération par exemple.
- l’acier est trempant mais on ne connaît pas sa température d’austénitisation (la température à laquelle on doit chauffer l’acier avant de le refroidir brutalement). La trempe ne fonctionne pas et l’acier est trop mou : il ne coupera pas grand chose, et pas longtemps.
- l’acier est non trempant, et ne pourra pas durcir la lame.
Notez bien : il existe des expert·es de la coutellerie à base d’acier de récupération, c’est un artisanat passionnant et remarquable. Mais dans tous les cas, il s’agit de professionnel·les expérimenté·es.
Des adresses pour acheter son acier ?
Pour trouver en France de l’acier de qualité constante en petite quantité, il n’y a que peu d’options, surtout si on veut limiter les frais de port.
Parmi les fournisseurs sérieux :
- Eurotechni, qui dispose d’un large catalogue d’aciers, d’autres métaux et d’accessoires de coutellerie.
- Mercorne, spécialisé en matériaux pour la coutellerie
Un dernier conseil : méfiez-vous des boutiques en ligne bien référencées, aux tutoriels bizarrement formulés, avec du matériel curieusement bon marché. Ça à l’air trop beau pour être vrai ? C’est le cas ;)